Impacts psychologiques du décès par asphyxie néonatale sur le médecin généraliste en contexte camerounais : une étude exploratoire

Abstract

Contexte : Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’asphyxie néonatale chaque année dans le monde, provoque la mort d’environ 1,2 million d’enfants. Au Cameroun, l’asphyxie néonatale est inscrite parmi les causes les plus fréquentes de décès néonataux à côté de la prématurité et de l’infection néonatale. Le décès d’un nouveau-né par asphyxie néonatale, entraine des répercussions psychologiques chez la mère, le père, la famille, voire dans la communauté. Cependant, il n’existe pas une recherche au Cameroun qui évalue l’impact psychologique du décès par asphyxie néonatale sur le soignant, notamment le médecin généraliste qui est souvent celui/celle qui doit administrer les soins au bébé en détresse. Ainsi, l’objectif de cette étude est d’explorer l’impact psychologique du décès par asphyxie néonatale sur le médecin généraliste. Méthode : La méthode qualitative et idiographique utilisée est l’analyse phénoménologique interprétative. L’expérience des participants est explorée, le sens qu’ils en donnent et les mécanismes psychologiques sous-jacents sont ressortis. Les entretiens semi-structurés sont conduits de manière non directive avec 3 médecins généralistes, puis analysés. Résultats : Il en ressort des impacts psychologiques immédiats, post-immédiats, à court terme. Il s’agit de symptômes anxio-dépressifs, de ressentis émotionnels/affectifs (sentiments de peine, d’injustice, de colère, d’angoisse de mort), de symptômes d’allure traumatique, des stratégies immédiates pour faire face. À moyen et à long terme, s’installent : une perturbation de l’identité professionnelle, un impact négatif sur la parentalité, une diminution de la motivation au travail, une déshumanisation dans la relation à l’autre et les conflits interpersonnels et une dépendance angoissante vis-à-vis de la qualité du plateau technique et des aidants. Conclusion : Ces résultats permettent d’appréhender comment la souffrance psychologique du médecin généraliste peut impacter négativement le vécu, la motivation au travail et la qualité des soins. Il s’avère important d’envisager la prise en charge de cette souffrance psychologique et de l’explorer chez les autres professionnels de santé.